Une photo quelques mots - Bafouille
Julien, mon cher Julien,
Tu dis rire de me savoir ici de nouveau - j'ai tant voulu en partir et mes lettres parisiennes enflammées par le bonheur d'avoir enfin trouvé le lieu où être moi tu les as gardées comme autant de preuves compromettantes.
Paris sans doute j'y reviendrai mais là je me fatigue et ici je m'oublie. Tu as raison, Julien, si quelqu'un aime le bruit de la ville, c'est bien moi. Mais certains bruits il faut le silence pour les entendre tu sais bien. Toi aussi tu me manques mais comment te dire te faire comprendre j'ai besoin de ce manque. Marcus n'y est pas pour grand chose je t'assure. Non, ne va pas lui casser la figure, cette histoire était vouée à l'échec et tout le monde le savait depuis le début. Mais quand je dis échec ce n'est pas ça non plus. Il m'a apporté ce qu'il devait m'apporter, nous avons fait notre tour de piste et c'était assez étincelant, je ne regrette rien je t'assure.
Tu vas rire Julien mais parfois je crois il faut toucher le fond du désespoir pour comprendre et avoir une chance de saisir un bonheur encore plus grand. Oui, c'est ça, ici j'ai l'impression de grandir, de ne plus me heurter sans cesse à des portes et des murs qui m'empêchent de voir. Tu dois lever les yeux au ciel, te dire que décidément la campagne abêtit - et j'attends avec impatience la brillante lettre qui tournera tout ça en dérision avec cet irrésistible esprit qui est le tien, que je t'ai tant envié. Oui, je gnangnantise - j'assume un peu mais lâchement je vais arrêter là ma lettre (non tu ne sauras rien des quasi-spirituelles découvertes que m'inspirent notre mère Nature!) ou bientôt tu décideras que je ne suis plus fréquentable.
Avec affection
Gabrielle
Pour l'atelier d'écriture de Leiloona