L’Eternel
Ne me demandez pas pourquoi je lis un livre qui fait peur alors que je suis une trouillarde née… Peut-être à cause de l’auteur ??? Sfar…Peut-être parce que les vampires qu’il me présentait jusqu’à présent étaient « mignons » dans le sens, gentils, pas trop mauvais… En tous cas je l’ai fais…Bref c’était les vacances, il faisait un temps pourri de chez pourri : pluie, froid, pas de lumière, pas de sourire, pluie, froid…L’éternel avait une couverture parme et dessus semblait s’envoler un homme chauve aux oreilles pointues…à l’arrière quelques mots bien sentis pour me donner envie d’ouvrir :
« les vampires , ça n’existe pas . La psychanalyse ça ne marche pas. On était faits pour se rencontrer. »
Et voilà votre Bergamotte qui entrouvre la porte qui lui est interdite…et qui déboule en pleine guerre, dans une contrée lointaine, au milieu de soldats plus ou moins lucides, et plus ou moins saouls. Là elle aurait dû fuir Bergamotte…Mais non, écervelée, telle l’héroïne d’un film d’horreur de série B, elle a continué. Tant pis pour elle…Elle suit le romantique Jonas, et soudain, ça éclate de partout : bombes, charge de la Cavalerie, tuerie, cadavres, charognards…puis silence, et naissance d’un vampire. Nous sommes loin des œillades de Pattinson, notre cher Edwards à l’écran…Ah ! Il est pas beau le vampire. C’est du vampire à l’ancienne, avec une petite tête chauve, un teint grisâtre, une dentition petite mais costaud…Non, l’ami Sfar ne nous apporte pas du joli-joli…enfin, presque, ce vampire il n’est pas beau du dehors, MAIS, du dedans il est tendre, amoureux, fidèle, et il a une bonne conscience…en plus il a des circonstances atténuantes, aggravantes…Roooh ! Bergamotte ne sait plus, Bergamotte s’y perd, elle s’éprend, elle s’attache, elle hurle d’horreur, elle minaude…En un mot comme en « sang »…(c’est pour le côté globule hic !) Bergamotte accroche et ne lâche pas son ouvrage. Non contente d’entrer dans l’histoire, elle file le long des couloirs du roman et ouvre, ouvre et ouvre encore les portes des longs corridors de la narration. Qu’à-t-elle aimé ? le côté évolutif de la chose…on ne devient pas vampire comme ça…le côté introspectif de l’argument : le vampire pense, il s’ennuie, trimbale son blues et ses chaussettes sales avec lui à travers les siècles. Il y a du Lewis dans l’écriture de Sfar…Son personnage ne tombe pas dans le gouffre d’un rêve comme Alice. Cependant, il essaye de s’extirper du gouffre qu’est sa tombe sans fond, et d’échapper à sa nouvelle nature. Non se vampire ne devient pas végétarien, mais il essaye de s’anéantir tout seul, avec courage, et de nombreuses fois, mais en vain. Pauvre petit vampire moche…Il fait tant et si mal qu’il nous donne envie de rire, ce rire plus fort que nous qui nous dégringole de la commissure quand devant nous quelqu’un s’étale de tout son long…On ne voudrait pas, on ne devrait pas…mais voilà. Alors, lisez cette histoire d’épouvante hors-normes. Vous m’en direz des nouvelles ! Retenez ce titre : L'éternel de Joann Sfar .
« Et le vampire retira tous ses vêtements militaires, prit la bassine qui servait de lessiveuse, lava tout à grande eau. Il brossa également son manteau et ses bottes, puis fit même de la couture… »
« je suis encore sur terre pour Hiéléna, songea-t-il .C’est la seule explication.Je lui avais promis une vie satisfaisante, des enfants. Si on m’a redonné le souffle, c’est pour faire exister ce projet. L’idée d’un vampire père de famille ne le défrisait pas… »
Bon week-end!
Bergamotte